L’inventaire incomplet
Pascal Casson

À travers quatre séries peintes, il travaille des textures singulières – des intercalaires d’albums photo, les pages de revues illustrées trouvées sur un marché aux puces, une ramette de papier imprimante – et parvient à faire émerger à la surface des formes inattendues, parfois récurrentes, parfois uniques. L’œil du spectateur établit presque à son insu un réseau de résonance entre les motifs, et cherche à deviner l’objet derrière le contour coloré.

Le matériau, chez Pascal Casson, précède toujours la création. Les œuvres présentées ont vu le jour au gré de la rencontre presque accidentelle de l’artiste avec une feuille de papier. La première série qui accueille les visiteurs dans le hall du rez-de-jardin est composée de l’intégralité d’une ramette de papier offerte à l’artiste, teintée puis peinte à raison d’une feuille par jour. Les tableaux aux murs sont peints sur du yupo, un papier synthétique constitué non pas de fibres végétales, mais de matière plastique, ce qui rend l’encre non absorbante, et confère un rendu étrangement lisse à la surface colorée. Les intercalaires d’albums photos peints par l’artiste jouent quant à eux sur la transparence de la matière et la superposition des motifs qu’elle permet.

C’est en captant ces formes et ces surfaces, sans hiérarchies et sans discours, que Pascal Casson met à jour ce que l’écrivain et poète Christophe Béguin appelle « des existences » qui s’offrent aux regards des spectateurs.