Macbeth a raison
Hélène Delprat
Depuis une trentaine d’années, Hélène Delprat déploie une œuvre singulière qui mêle peinture, dessin, sculpture, installation et vidéo. À la galerie Duchamp, l’artiste présente pour la toute première fois, une exposition centrée sur son œuvre vidéo. S’y déploient, en regard,
un ensemble de dessins, de carnets, d’images et… une seule peinture ; offrant un aperçu des formes et des obsessions qui, par ricochets, parsèment l’ensemble de sa production.
Son oeuvre convoque, comme pour épuiser le réel, de nombreuses citations littéraires, cinématographiques, artistiques, historiques ou même musicales. S’y rencontrent toutes sortes de personnages, de motifs qui appartiennent, en apparence, à des registres différents, des époques éloignées, mêlant tout à la fois hautes et basses cultures.
L’exposition tentera de montrer ces accumulations et comment, dans l’aller-retour de l’image fixe à l’image animée, les motifs, les obsessions se recroisent et font sens.
Lorsque l’artiste rejoue des scènes de films iconiques en reconstruisant des décors chancelants de papier et de carton, ou bien lorsqu’elle trace sur une toile les mots empruntés à un écrivain ou un philosophe, la réappropriation qui passe par l’expérience sensible ouvre comme un nouvel espace. Cet interstice, qui trouve sa part dans un usage baroque du monde, est sans doute ce qui interpelle le plus le spectateur découvrant cette œuvre singulière et prolifique. Mais c’est un usage baroque qui tourne à l’obscur, ou plutôt qui semble comme détourner les images de leur sens initial, comme empruntant à cette citation extraite de Macbeth de William Shakespeare, « Horrible est le beau, beau est l’horrible ».
Il semblerait, parfois que ses dessins, ses vidéos ou ses installations donnent à rire. Il ne faudrait cependant pas s’y tromper : c’est un rire grinçant qui sous couvert de quelques facéties et autres galipettes de papier mâché pointe une gravité. Car c’est le constat de la tragédie – un atlas de larmes et de guerres – que dresse Hélène Delprat dans une œuvre qui n’est pas seulement baroque, mais bien plutôt grotesque. Ce grotesque tel que l’on peut le voir dans l’art ornemental de la Renaissance : un art de la déformation dont l’apparence ridicule glisse vers le véritable effroi.
Contact
Galerie Duchamp, centre d’art contemporain de la Ville d’Yvetot
5-9 rue Percée
76190 Yvetot
t +33 (0)2 35 96 36 90
Horaires
les samedis et dimanches de 14h00 à 18h00 et les mercredis, jeudis, vendredis de 14h00 à 17h30
Tarif
entrée libre