Jade Moulin porte son intérêt sur ces choses qui peuvent paraître inutiles voire inexistantes pour certains. Par l’observation du réel et de ce qu’il a de plus anecdotique, elle y extrait et prélève différents éléments qui prennent sens. Maurice Blanchot définit le banal comme le quotidien par l’indétermination. Elle est cette chose qui nous échappe, en évolution perpétuelle ; l’expérience du quotidien dont la redondance de certains de ses gestes finit par les rendre captivants. Comme des petits accidents imperceptibles, une part de rien, ce quotidien n’existe que dans la mesure où on lui prête ce regard, qu’à condition que l’on accepte de le reconnaître. À la manière des natures mortes, Jade Moulin transpose au travers de la peinture, de la sculpture ou de la photographie, une réalité qui lui est propre. La disparition des choses derrière les images, les objets, renvoient à une certaine nostalgie. En subvertissant l’anodin, voire l’insignifiant, il s’agit pour l’artiste de rendre compte d’anecdotes du quotidien qui ont su retenir son attention.