Si elle se nourrit du cinéma, la démarche de Jérôme François est toute entière vouée à la peinture. Tout lui est dédié, tout revient à son interrogation fondamentale et chacune des excursions iconographiques de son œuvre y ramène. Qu’il y soit question de focale ou de mise en abîme, qu’il y soit question de narration, d’arrêt sur image, nous nous trouvons là face à un travail de recherche qui vise à proclamer la pérennité d’un mode. Jérôme François n’a qu’un seul but : rendre la peinture à la peinture. Quelque paradoxal que cela puisse paraître, Jérôme François use du cinéma pour mieux faire valoir ce qu’il en est de la spécificité de la peinture. Les photogrammes qu’il récupère et amasse à la façon d’un collectionneur constituent un réservoir d’images qui lui permettent d’en aborder ainsi en toute liberté la transposition picturale. La peinture n’est jamais mieux servie que lorsqu’elle n’a de cesse de se remettre en question. Ce n’est en effet qu’à cette condition qu’elle sera à même de surprendre ceux-là mêmes qui la font, la défont ou simplement la regardent et qu’elle ne les laissera jamais indemnes.
Piguet Philippe, Destination peinture, extrait, catalogue d’exposition, Artothèque de Caen, Caen, 1998, 31p.